Quitté Sykia ce midi après un dernier bain de mer, l’eau était parfaite. Sans rinçage pour moi, j’aime la sensation un peu rêche que donne le sel qui sèche sur la peau. En buvant notre thé, on a surpris un serpent, vraisemblablement une jeune couleuvre, qui avait déjà avalé la moitié du corps d’un gros lézard. Vision étrange que celle d’un serpent à deux queues et apparemment sans tête… tant celle-ci était aplatie autour de sa proie.
Le fait que je m’approche a fait lâcher sa prise la – disons – couleuvre, et voilà le lézard qui file entre nos jambes pour se réfugier près de nous. Pas folle la guêpe, il a bien vite vu qu’il avait affaire à deux redresseurs de torts. Bon, pas sûr que la couleuvre ait apprécié qu’on lui retire le lézard de la goule…

Nous laissons la couleuvre s’eclipser, contrariée et furieuse, et le lézard reconnaissant mais visiblement sonné et désorienté. On part un peu en soucis pour lui car le benêt retourne sur les lieux de son agression. Pffff…
Nous prenons la route, direction Aigeai, site d’importance en Grèce et inscrit sur la liste UNESCO du patrimoine mondial de l’humanité au titre de « témoignage exceptionnel d’un développement significatif de la civilisation européenne, lors de la transition de la cité-État classique à la structure impériale des périodes hellénistique et romaine ».
Après environ 200 kms de route mixte, sur la péninsule puis sur la longue plaine de Macédoine, on arrive à Aigeai, première capitale du royaume de Macédoine, avant d’être supplantée par Pella.
Le site des fouilles est celui d’un tumulus de très grande taille, il recouvre plusieurs sépultures, entre autres celles de Philippe II de Macédoine, de sa mère Eurydice, de sa femme (ou de l’une d’elles), de la femme du roi Amyntas 1er, ainsi que de nombreuses autres, pas toujours identifiées, mais il y a là toute une dynastie, entre le 5eme et le 3eme siècle avant J.C.


Désolé je n’ai pas pu sauver la photo du cartel présentant la sépulture de ce jeune homme, qu’on dira ici et entre nous « jeune homme au selfie ». On ne voit pas très bien le modèle de son téléphone mais on imagine assez bien le 3270 de Nokia (pré smartphone de l’ère 2000 après J.C). Les inscriptions sur la stèle ne permettent pas de déchiffrer de nom avec certitude, mais de proposer des hypothèses.

Cette peinture est saisissante de présence, c’est la première que l’on voit en entrant dans le musée qui est le tumulus. Il fait sombre et frais ici, seules les oeuvres et objets sont éclairés, il y règne quelque chose de l’atmosphère mystique qui a dû être celle des premiers découvreurs du site.

La rouille à l’oeuvre, sur l’une des armes placées dans la tombe de 3 guerriers valeureux. Les autres objets ont été trouvés au même endroit.

Théière ou carafe ? Magnifique !

La tombe de Philippe II, assassiné alors qu’il assistait à une représentation théâtrale. Ce roi a été un grand stratège et un homme politique influant, il a su porter son royaume au sommet de son rayonnement. Sa sépulture monumentale et riche de présents est à la hauteur de sa gloire.

L’enlèvement de Persephone. Peinture tombale de près de 4 mètres de largeur. La précision des traits est incroyablement conservée. Au delà, c’est l’urgence et la violence du moment qui semblent à la fois figées et en même temps, d’une incroyable actualité et vitalité.

Visages sculptés, leur hauteur ne dépasse pas 3 centimètres…


A différents endroits, résurgence des tombes, de leurs murs semi enterrés.

Couronne, bijoux, plastrons en or, resplendissant, trouvés dans les antichambres des tombeaux de Philippe II et de sa femme.

Scène reconstituée, figurines d’une vingtaine de centimètres de hauteur. Quelle dynamique ! Ça groove et ça danse !


Ces vignettes ne sont pas plus grandes qu’un timbre de collection (2 à trois fois le timbre poste vert ou rouge, 2023 après J.C). La miniature est non seulement maîtrisée mais très habitée !

Bouclier orné, pièce entière et détails. Beaucoup d’incrustations de matériaux différents semble-t-il (métaux, cuir, bois, ivoire…).


Ce groupe sculpté mesure moins de 10 centimètres…

Splendide couronne qu’on dirait jaillie d’un creuset de forge…

Entrée du tombeau dit de la Princesse.

Arts de la table, ici quelques échantillons étincelants…
On ressort d’ici, avec la sensation non pas d’avoir côtoyé des morts mais d’avoir accédé à leur rapport au monde, de rois et de reines. Le faste de ces sépultures nous donne une idée de la sophistication de la civilisation Macédonienne et de sa puissance de rayonnement.
Si vous voulez faire un cadeau, pensez à l’or : indémodable, inaltérable, on peut fondre devant lui ou le fondre pour elle ou lui ! Sinon, le Nokia 3310 semble encore très bien placé également.
Magnifiques sculptures miniatures !
😍 Oui ! Elles sont incroyables !
Outre la scénographie vraiment réussie, la fraicheur, la pénombre, l ambiance sonore sont délicieuses….il fait 32 dehors !
Un grand moment que vous nous avez partagé. Merci !