Ce matin on prend notre petit déjeuner à l’appartement. Je vais acheter deux grands paninis et une brioche à la boulangerie du quartier. L’impression agréable mais trompeuse d’être un peu du coin.
Nathalie a fait du thé noir Turc, il nous en restera jusqu’à la fin du voyage, qui se termine presque. Notre bateau quitte Palerme pour Gênes jeudi soir.

Ce matin on va visiter le Palazzo Butera situé entre la Porta Félice et le Parc Tomasi Di Lampedusa. En chemin nous rencontrons à nouveau une statue de Santa Rosalia sur un char de défilé.

Gros coup de coeur pour cet arbre hors du commun : un caoutchouc géant. Ses nombreux troncs se serrent les uns aux autres pour former un tronc central solide, les branches les plus longues et lourdes laissent pousser des racines jusqu’au sol, créant ainsi de solides béquilles de soutien pour supporter leur poids en dévers sans casser. Si vous avez un caoutchouc chez vous, il y a des chances que vous le regardiez d’un oeil différent maintenant.

La Porta Félice est en vue, sur fond de mer.

On peine un peu à trouver l’entrée du palais, et comme elle se trouve dans une petite rue, on n’a pas le recul nécessaire pour une photo. Nous voici donc à l’intérieur.
Dans cette première salle on comprend que les gestes architecturaux de Giovanni Cappelletti, tel cet escalier-passerelle incroyable, sont des oeuvres au même titre que celles exposées ici. Toutes le sont sans aucun cartel, c’est un choix des propriétaires collectionneurs Francesca Frua de Angeli et Massimo Valsecchi qui souhaitent que le visiteur soit plus attaché à la rencontre avec les œuvres qu’à surveiller le nom de leur créateur.
On trouvera ici des pièces créées par de grands noms de l’art contemporain, comme Gilbert et George, Bernd et Hilla Becher…





Cet écrin pour l’art contemporain a été rénové, et pendant les travaux, l’équipe a trouvé les restes d’un circuit d’approvisionnement d’eau dans le sol, dans lequel les racines d’une plante grimpante située dans la cour intérieure du palais, déploie ses racines. L’architecte s’est emparé de cette trouvaille poétique naturelle et nous la fait partager.



Cette terrasse offre au visiteur une vue panoramique de la baie de Palerme. Le temps semble s’y être arrêté entre le 27 et le 30 mai 1860. L’expédition des Mille menée par Garibadi pour rattacher la Sicile à l’Italie unifiée y est particulièrement présente ici et résonne encore un peu partout.
En regardant vers la mer, face à nous, c’est le jardin Giuseppe Tomasi di Lampedusa, l’auteur du roman Le Guépard, paru en 1958 à titre posthume, que l’adaptation au cinéma de Luchino Visconti en 1963, fera passer à la postérité.





Ici nous prenons les escaliers pour passer du premier au second étage.

Où l’on découvre que la restauration a poussé l’architecte à trouver une façon de redonner aux plafonds, ce galbe si particulier.

Un autre étage qui laisse entrevoir la toiture par une grande saignée.

Et l’occasion pour nous d’improviser un autoportrait en couple avec miroir et smartphone. Un genre de hacking de selfie 😂



Notre préféré dans cette section de tableaux d’époque. Le diable est dans les détails, toujours. Le chien pissant sur le prélat, l’air de rien…

Ici nous découvrons la toiture et la façon dont sont accrochés les plafonds du dernier étage.

De là, nous pouvons encore grimper dans une tourelle qui fait léviter une passerelle au dessus des tuiles, nous offrant LA vision panoramique de la ville je pense.





Et on redescend, doucement, avec Gilbert et George.


On prendra un repas dans la rue, un délicieux (dit-elle ) chausson (Pane ca meusa) à la rate de veau pour Nathalie, et pour moi la plus conventionnelle focaccia mortadelle, un verre de vin blanc chacun, le tout pour 7 euros (pour 2). Il manquait un dessert, prit plus loin, avec un capuccino, et nous étions repartis pour la visite du Palais Abatelis.

Alors bien sûr, il ne faudrait jamais (selon moi) enchaîner les visites : tout se mélange et se dilue, comme avec plusieurs vins…
Mais nous voilà devant ce Palais du XVe siècle de style gothique catalan, qui est un musée abritant des œuvres d’art religieux sur bois et des tableaux de la Renaissance.

Une impressionnante convergence des regards, s’en est troublant.

Madonna col Bambino. Antonio Veneziano (1370-1388)

Giuditta. Anonyme du XVIe siècle
La scène est issue de l’Ancien Testament (Livre de Judith, 13:8-11), représente la veuve Judith qui assassine dans son sommeil le général assyrien Holopherne pour sauver son peuple du tyran pendant le siège de Béthulie.

Riccardo Quartararo, Incoronazione della Vergine e santi.

Triomphe de la mort, 1446. La fresque fait tout de même 6 mètres de hauteur sur 6,40 de largeur et ne laisse pas indifférent.

Dernière œuvre avant la sortie : on retrouve l’irrévérance du rire et on en a besoin.
Bon voyage de retour à vous deux, et merci pour ces belles visites partagées.